20071018
Sous la consigne POUR UNE EUROPE SOCIALE – EMPLOI AVEC DROITS, les travailleurs portugais manifestent, avec un fort sentiment de fraternité, leur solidarité avec les travailleurs européens dans la lutte commune pour de meilleures conditions de travail et pour une vie digne, réclamant une construction européenne qui assure la justice sociale, le progrès et la paix.

POUR UNE EUROPE SOCIALE – EMPLOI AVEC DROITS

 

RESOLUTION

 

Sous la consigne POUR UNE EUROPE SOCIALE – EMPLOI AVEC DROITS, les travailleurs portugais manifestent, avec un fort sentiment de fraternité,  leur solidarité avec les travailleurs européens dans la lutte commune pour de meilleures conditions de travail et pour une vie digne, réclamant une construction européenne qui assure la justice sociale, le progrès et la paix.

 

On a demandé aux travailleurs portugais des sacrifices et encore plus de sacrifices avec la promesse de la croissance économique et du développement du pays.

 

Il en résulte la perte des salaires réels pour une grande partie des portugais, la croissance des inégalités, l'augmentation de la pauvreté, les ruptures de cohésion sociale et territoriale, et dans l'égalité d'opportunités, l'augmentation du chômage et des précarités du travail.

 

Le développement du pays continue ainsi reporté.

 

Entre-temps, pour résoudre le déficit des comptes publiques et continuer à alimenter les "négoces" du patronat, le Gouvernement coupe dans les dépenses publiques, diminue les fonctions et le rôle de l'Etat, réduit l'investissement public, attaque les droits des travailleurs de l'Administration Publique et impose la contention salariale, provoquant de graves mutilations dans la prestation des droits dans la santé, l'enseignement, la sécurité sociale, l'accès à la justice et aux autres droits essentiels qui sont indispensables pour le bien-être des populations.

 

Le Gouvernement se propose de poursuivre cet agenda social désastreux avec la révision du Code du Travail (CT), faite sans tenir compte des compromis qu'il avait assumé ainsi que le Parti Socialiste, qui vise la déréglementation du travail et libéraliser les relations de travail, ce qui contribuera a perpétuer le profil des activités productives ainsi que le modèle de production, basés sur une main-d'oeuvre peu qualifiée et précaire.   

 

Le Rapport de la Commission du Livre Blanc des Relations du Travail, au lieu de corriger les aspects prouvés graves de l'actuel CT, notamment en ce qui concerne les entraves qu'il a instauré à l'exercice de la négociation collective et à l'inversion du principe de traitement plus favorable, vise clairement à donner plus de force au patronat pour licencier avec plus de facilité; précariser encore plus l'emploi; réduire le coût du travail au "rabais"; détruire la négociation collective; et attaquer les syndicats.

 

Il est ainsi prouvé que l'objectif central du Rapport est d'ouvrir la porte à une révision encore plus aggravée du Code du Travail.

 

Ce Rapport constitue ainsi le premier pas pour la seule introduction, au Portugal, du volet "Flexibilité" (plus de précarité et moins de droits) qui fait partie du concept de Flexicurité.

 

Quant au volet "Sécurité" de ce concept, qui doit se traduire dans une organisation et rétribution justes du travail et dans la protection de l'emploi, facteurs qui constituent la base de l'Etat Social et de la cohésion des sociétés européennes plus développées, ce à quoi nous avons assisté c'est à une série de coupes successives qui ont réduit les droits et la protection des travailleurs, notamment dans la sécurité sociale, dans la santé, dans l'enseignement et la qualification et dans l'accès à la justice.

 

Même en ce qui concerne les politiques actives d'emploi qui ont été annoncées comme une solution aux problèmes de l'emploi, en plus d'être clairement insuffisantes, elles ne sont que de simples palliatifs quand confrontées à l'absence continue d'une croissance économique durable.

 

Cette perspective accentue encore plus les difficultés dans lesquelles se débattent les travailleurs portugais qui se voient confrontés avec un ensemble de problèmes graves, notamment: une forte montée du chômage, qui affecte en particulier les femmes, les jeunes et les travailleurs de plus de 55 ans; la croissance de la précarité de l'emploi, qui à monté de 46% par rapport à 1998, atteignant déjà plus de 50% des jeunes de moins de 25 ans; la discrimination des femmes travailleuses dont le différentiel salarial, de l'ordre de 17% se maintient pratiquement inchangé en rapport à 1998.

 

Par ailleurs, les politiques d'éducation et les options de politique sociale ne se montrent pas capables de répondre aux problèmes du pays, maintenant la grave situation de taux d'abandon et d'insuccès scolaire élevés et les difficultés accentuées au niveau de l'enseignement supérieur.

 

La convergence de Portugal avec l'Union Européenne, promise et amplement divulguée, n'est autre chose qu'un mirage chaque fois plus distant. On observe, en effet, sa constante divergence, à laquelle n'est pas étrangère la subordination inconditionnelle à l'accomplissement des critères du Pacte de Stabilité et de Croissance.

 

Cependant, les politiques européennes elles-mêmes n'ont pas favorisés l'évolution positive de la situation du pays. Malgré la promesse du plein emploi, de la modernisation de la protection sociale et le combat à la pauvreté comme mesures structurantes sur le plan social visant à contrecarrer les impacts de la libéralisation de l'économie, la Stratégie de Lisbonne a surtout signifié la libéralisation d'importants secteurs d'activités, sans que l'on voie l'application des compromis sociaux qui avaient été approuvés. Au contraire, ce qu'on a observé c'est le maintient d'un taux de chômage élevé, l'augmentation de la précarité et une forte attaque aux droits des travailleurs, aux services publics et à la protection sociale.

 

Il n'y aura pas d'espace pour cette Europe avec les politiques macro-économiques qui sont suivies, ni avec les options politiques dominantes qui encadrent le chemin poursuivi par l'U.E.  La CGTP-IN réaffirme ainsi la nécessité de l'affirmation de l'Europe Sociale et de l'Emploi avec Droits.

 

La révision du Traité a mis en évidence des divergences entre plusieurs pays sur la façon de développer le processus d'intégration européenne et ça ne se résout pas par une simple souscription. En effet, les problèmes sur lesquels l'U.E. se débat en son sein et dans ses relations externes ne sont pas résolus.

 

La CGTP-IN n'est pas d'accord avec le fait que le Traité accueille la suprématie des valeurs du marché sur toutes les autres valeurs, dévalorisant politiquement la Charte des Droits Sociaux Fondamentaux en la remettant comme une annexe et en ouvrant un précédent par sa non reconnaissance de la part de quelques pays.

 

Parmi les citoyens il y a d'évidents mécontentements face à la construction européenne qui apparaît divorcée de ses intérêts essentiels et c'est la propre Commission Européenne qui contribue à cela quant elle impulse des normes comme la Directive des Services Publics, de l'Organisation du Temps de Travail ou celle du Livre Vert/Flexicurité. S'il n'y a pas de referendums sur le Traité, le divorce va s'accentuer.

 

Une Europe sociale et solidaire a besoin d'Etats sociaux forts, qui garantissent une protection sociale effective, des services sociaux de qualité, des marchés de travail régularisés, au travers de normes de travail avec un sens de progrès, de négociation collective et de dialogue social, qui reposent sur une base sérieuse et dans le respect du rôle et de l'intervention des syndicats.

 

Le modèle social européen est un acquis des travailleurs européens qui ne peut, ni ne doit connaître quelque reculs, ni limitations, qui lui retirent son essence.

 

Pour ça, nous réclamons ici une Europe Sociale et Emploi avec Droits et, comme travailleurs portugais, nous réaffirmons que, dans notre pays, pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de:

 

- Promouvoir la négociation collective et mettre fin à la caducité des contrats;

- Améliorer le pouvoir d'achat des salaires et augmenter le salaire minimum à 426,5 euros;

- Stopper le chômage et combattre la précarité;

- Revoir les normes pesantes du Code du Travail, notamment celles qui concernent la négociation collective, le droit à la grève, la précarité.

- Mettre un terme à l'offensive contre les droits des travailleurs de l'Administration Publique;

- Concrétiser le droit effectif à la formation professionnelle continue;

- Investir dans l'éducation;

- Garantir l'égalité au travail et combattre les discriminations;

- Rendre effectif les droits des travailleurs; améliorer la protection sociale et la sécurité sociale;

- Centrer la politique de santé sur le citoyen;

- Promouvoir la justice et l'équité fiscale.

 

Mais nous exigeons aussi, qu'il soit mis définitivement terme aux attaques contre les syndicats et l'exercice de l'activité syndicale, parce que sans des syndicats disposant de l'usage effectif de tous leurs droits et sans capacité revendicative, la démocratie serait substantiellement mutilée. 

 

Les travailleurs présents à la grande manifestation promue par la CGTP-IN, sous le thème POUR UNE EUROPE SOCIALE – EMPLOI AVEC DROITS proclament:

 

- Leur firme détermination à poursuivre et renforcer l'action syndicale et la lutte revendicative sur les lieux de travail, au niveau des secteurs et des régions, autour de propositions justifiées qui répondent à leurs préoccupations réelles .

 

Tenant compte des défis qui se présentent à la majorité des travailleurs, il est impérieux de:

 

- éclairer, mobiliser et unir les travailleurs autour de leurs revendications;

- renforcer les liens de solidarité envers les jeunes travailleurs et entre toutes les générations de travailleurs, indépendamment de leur statut professionnel ou de leur contrat de travail;

- construire des convergences et la conjugaison des luttes, de forme à ce qu'elles gagnent plus de force et d'efficacité dans la poursuite de leurs objectifs revendicatifs.

 

Lisbonne, 18 Octobre 2007